Il y a vingt ans, la France disposait d’Alcatel, numéro 1 mondial des telecom.
Aujourd’hui il n’en reste presque plus rien, hormis quelques filiales détenues par des groupes étrangers comme Nokia.
La France (ou plus précisément ses « élites ») a gâché un potentiel majeur et nous a fait prendre un retard qu’il sera difficile de rattraper.
Loin des mythes de la dématérialisation, des startup éthérées ou du marché libre s’épanouissant sans contrainte, nous vous proposons une vison planifiée de ce que nous voyons comme une industrie : le numérique commence par des mines.
Il faudra du temps, de l’argent et de la pugnacité. Le rapport de force est loin d’être en notre faveur, pourtant il est encore temps d’agir.
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Maintien de l’ordre : du terrain au politique
Le 2 octobre, une conférence intitulée “Maintien de l’ordre : du terrain au politique” était organisée à notre initiative. Elle a pu avoir lieu grâce à un partenariat avec le Dissident Club, lieu d’expression des dissidents de tous pays, et avec Le Média TV qui l’a filmée. Deux intervenants étaient à l’honneur : Laurent Bigot, ancien sous-préfet et Bertrand Cavallier, général de gendarmerie ayant quitté le service actif, ancien commandant du Centre national d’entraînement des forces de gendarmerie de Saint-Astier.
La conférence s’est ouverte sur une citation : « Je pardonne à celui qui a tiré, que celui-ci l’ait fait accidentellement ou intentionnellement, mais je ne peux pas pardonner à ceux qui ont donné les ordres ». Une phrase prononcée par un mutilé dans le film « Un pays qui se tient sage », de David Dufresne. Elle montre un homme qui a toutes les raisons d’en vouloir aux policiers, et qui au final n’en veut qu’à la hiérarchie.
Comment se mettent en place les ordres, justement ? En polarisant le débat, sous l’influence du pouvoir, sur la question des bavures, on prend le risque de commettre une erreur : exempter les politiques pour ne charger que les fonctionnaires sur le terrain.
Ce serait une double faute. On laisserait filer les coupables, et ces coupables ont des noms : Castaner, Nunez, Lallement, et au-delà Valls ou Sarkozy. Par ailleurs on continuerait d’enfermer la police dans un syndrome obsidional.
Ceci n’aurait pour effet que de contribuer à la cantonner à un rôle de force au service d’institutions délégitimées. On céderait ainsi à la thèse des « deux camps » du préfet Lallement. En posant la question de la hiérarchie politique et des relations de commandement, on questionne au contraire un système.
Ceci n’exonère pas les policiers de toute responsabilité individuelle mais désigne un responsable “structurel” : celui qui laisse pourrir les commissariats tout en envoyant castagner du manifestant. Manifestant qui, d’ailleurs, manifestent à cause de la politique de ce même responsable.
Nos invités étaient donc appelés à nous expliquer ces rapports de force entre commandement, syndicats, ministères, préfecture, qu’on ne voit pas souvent et qui se gardent bien de se montrer au grand jour. Cela s’articule aussi avec la nature de X-Alternative, une association de diplômés souvent au cœur d’une autre machine ultra violente : l’économie. De même que le manifestant ne voit pas Castaner mais seulement le CRS en face de lui (et inversement), l’ouvrier viré ne voit que le patron de site, et pas le milliardaire qui, en bout de chaîne actionnariale, fait pression sur toute la hiérarchie managériale pour augmenter les dividendes.
Explorer ces rapports de pouvoir, c’est rendre au peuple les moyens de compréhension des choses qui l’oppressent.
Posez vos questions à Laurent Bigot et Bertrand Cavallier
Le 2 octobre au bar « The Dissident » (58 rue Richer, 75009 Paris), nous recevrons Laurent Bigot et Bertrand Cavallier autour du thème du maintien de l’ordre.
Comme lors de l’intervention de Frédéric Lordon, nous vous proposons de préparer quelques questions à l’avance. Si elles sont sélectionnées par les intervenants, nous les poserons lors de la soirée.
Pensez également à vous inscrire ici si vous souhaitez venir sur place.
La conférence sera filmée et la vidéo diffusée en différé.
Vente d’ARM : le dernier clou dans le cercueil de la souveraineté numérique ?
C’est peu dire que la souveraineté numérique est mal engagée. Les données de santé du Health Data Hub (sic) sont attribuées à Microsoft et celles de la BPI à Amazon. Tous les supercalculateurs français sont équipés de processeurs américains assemblés en Asie. Quant au grand public, il suffit de rappeler que ce texte a été écrit sur un ordinateur contenant un processeur Intel faisant tourner un logiciel Microsoft et que vous le lisez probablement sur un téléphone Samsung ou Apple dans le navigateur de Google.
Seule lumière au tableau, votre téléphone contient très probablement un processeur ARM. Cette société conçoit des processeurs et vend des licences à plus de 500 fabricants qui les vendent ensuite aux assembleurs de tablettes, téléphones intelligents ou ordinateurs portables. Depuis quelques années, ARM développe également des processeurs haut de gamme qui peuvent être utilisés dans des supercalculateurs, comme le montre la récente entrée de Fujitsu au sommet du Top 5001. ARM est donc un acteur incontournable dans le domaine et un des seuls dont le siège et les centres de recherche sont sur le territoire européen ou britannique.
La commission européenne, pour une fois, ne s’y est pas trompé quand elle a lancé « European Processor Initiative » un consortium européen visant à produire un processeur généraliste de haute performance d’ici 2021 et un supercalculateur exascale d’ici 2022. Ce projet2 propose pour l’instant un noyau principal de type ARM, entouré de petits cœurs spécialisés en RISC-V ou des cœurs dédiés externes comme le MPPA de Kalray. L’objectif est d’avoir un produit similaire aux processeurs Epic de AMD (x86), dans une architecture auditable et interopérable avec des composants tiers.
En 2016, ARM a été racheté par SoftBank, un investisseur financier japonais. Celui-ci a effectivement laissé le siège à Cambridge et n’a pas touché aux centres de R&D, ce qui permettait à la commission de continuer à considérer ARM comme une entreprise européenne sur laquelle s’appuyer.
ARM est actuellement mis en vente par SoftBank3 et l’acquéreur pressenti serait NVIDIA. Au Royaume-Uni, on s’alarme de la situation4 en rappelant qu’un investisseur industriel américain finira par rapatrier le siège et les centres de R&D aux USA tout en soumettant l’entreprise aux lois CFIUS5 et en détruisant sa neutralité vis-à-vis des clients européens ou asiatiques, parfois concurrents de NVIDIA.
Ce serait la mort dans l’œuf du projet européen et au-delà, la perte de compétences fondamentales dans la conception de processeurs qui se dessinerait à court-terme.
En matière de souveraineté numérique comme ailleurs, la priorité est donc de sauver le déjà-là.
Il faut racheter l’entreprise, via un fonds souverain dédié monté en collaboration avec le Royaume-Uni. En effet, l’ADN de ARM est à Cambridge et la société ne pourra fonctionner qu’en gardant une part de son identité britannique.
Le montant évoqué est de 40 milliards. Une option est de réunir l’intégralité de la somme et de payer SoftBank en cash. Cela peut se faire en réorientant une partie de l’épargne des particuliers via un véhicule dédié de type assurance-vie, en réunissant quelques investisseurs industriels et en émettant éventuellement de la dette souveraine ad hoc. En cas d’insuffisance, il suffirait d’en réunir un peu plus que la moitié (soit un peu plus de 10 milliards en France et autant au Royaume-Uni), et d’introduire la partie minoritaire (20 milliards) en bourse. Les places financières de Londres et Paris sont sans doute capables de mener cette opération.
Par ailleurs, fort de ses capitaux et de ses revenus, ce fonds souverain pourrait financer des recherches sur de nouvelles architectures (RISC-V) et de nouveaux modèles de calcul (potentiellement hors IEEE-754 ) ainsi que leurs mises en pratique industrielles dans une optique de long-terme.
1. https://top500.org/lists/top500/list/2020/06/
2. https://www.european-processor-initiative.eu/project/epi/
4. https://www.ft.com/content/4970848d-7821-45dc-b8cb-211036be5d30
Coronavirus – On s’arrête, on réfléchit
L’épidémie de Coronavirus, attendue de Chine depuis janvier et d’Italie depuis février, nous frappe durement à notre tour. Le virus est désormais présent sur tous les continents (hors Antarctique) et tous les pays frappés prennent des mesures radicales, étant données les conséquences sanitaires.
S’il y en a encore qui prennent la chose à la légère, rappelons que l’Italie fait de la médecine de guerre face à la saturation de son système hospitalier et que cela risque de nous arriver incessamment. Avant d’aller plus loin, nous tenons à préciser que toutes les activités de groupe sont suspendues et nous vous exhortons à rester chez vous et à n’y faire venir personne.
L’épidémie fera sans doute de très nombreuses victimes dont beaucoup auraient pu être évitées en apprenant de la gestion de crise chinoise et italienne, mais aussi coréenne et taiwanaise. Ce n’est pas le choix qui a été fait. Ils avaient le choix entre le déshonneur et la guerre, ils ont choisi le déshonneur et nous avons la guerre.
La crise économique qui suivra de près la crise sanitaire risque d’être sans commune mesure avec celle de 2008. Deutsche Bank mentionne déjà la pire récession depuis la seconde guerre mondiale. Les mesures des Etats et banques centrales n’auront à n’en pas douter pour simple objectif que de maintenir la liquidité du système financier (rachat de dette sur le marché primaire et secondaire). En langage militant : sauver les banques.
Ils risquent pourtant bien de ne pas y arriver, le manque de liquidité émanant du bas (économie réelle à l’arrêt oblige) risque bien de finir de tout envoyer valser. Cela aura des conséquences terribles qui se chiffreront en morts (comme en Grèce) si la politique qui suit consiste en un choc récessif et des mesures austéritaires.
En tant que polytechniciens humanistes face à 2020 comme d’autres ont été face à 1929, nous devons proposer autre chose et profiter de ce temps de confinement pour réfléchir rapidement et sérieusement à une politique alternative. Après tout c’est la raison d’être de notre groupe.
Les quatre thèmes qui nous viennent à l’esprit sont les suivants :
- réquisitions et nationalisation :La bourse s’est litteralement effondrée depuis un mois et certaines grosses entreprises stratégiques ne valent virtuellement plus rien (renault, thales, airbus, technip, etc). N’est-ce pas l’occasion de nationaliser (à prix de marché) pour :
- mettre l’outil productif au service de la lutte contre le virus (production de respirateurs, de masques, et gel, …)
- préserver cet outil productif et l’emploi associé des inévitables destructions qui suivront la crise
- préserver ces entreprises stratégiques des appétits étrangers
D’autre part, des unités de production pourraient être réquisitionnées (les usines sanofi par exemple) pour produire ce qu’il nous faut
- banques et banque centrale
- indépendance alimentaire
- recherche fondamentale
N’est-il pas temps de récupérer le contrôle de la banque de France et son pouvoir d’émission monétaire ? Ne faudrait-il pas faire un peu d’inflation plutôt que de la dette au secteur privé ?
Faudra-t-il laisser tomber les banques commerciales ? A quel prix ? Que pourrons-nous en récupérer ?
Nous devons considérer le risque que certains pays faisant face à l’épidémie suspendent leurs exportations de produits alimentaires (je pense aux pays du sud qui risque d’être durement touchés et qui devront garantir la survie de leurs concitoyens). Comment modifier la structure de production agricole française pour garantir un niveau d’indépendance minimal ? Réduction de la production intensive destinée à l’exportation, variétés des cultures, …
Comment s’extraire du droit américain des semences stériles commerciales (qu’un paysan puisse replanter une partie de sa récolte) ?
Les lacunes de l’organisation de notre système de recherche, où des projets sur les coronavirus ont été abandonnés pour des raisons budgétaires vont sauter aux yeux des citoyens. C’est l’occasion de proposer un meilleur modèle, acceptant de travailler sur des sujets qui ne sont pas à la mode mais peuvent sauver des vies des années plus tard.
Nous proposons donc à ceux qui seraient volontaires de vous coordonner par groupe de travail (via skype ou autre messagerie instantanée) pour aboutir d’ici deux semaines à des brouillons de ce que nous ferions si nous devions gérer la crise.
L’urgence est réelle, soyons à la hauteur.
Si vous n’êtes pas membre du groupe mais que vous souhaitez contribuer, veuillez utiliser notre formulaire de contact.
Questions à Frédéric Lordon
Questions posées à Frédéric Lordon autour du thème : « Conditions de réalisation d’une alternative à l’ordre néolibéral ».
Playlist disponible ici.
Bloc 1
1. 1 : Convenir du mode opératoire. Si on part du principe que la cible visée est le système capitaliste et le néolibéralisme, dont l’hégémonie est indéniable, la question du mode opératoire pour son renversement n’est-elle pas fondamentale ? A savoir cette alternative peut-elle raisonnablement advenir au terme d’un processus électif classique dans le contexte français où l’arrivée au pouvoir de l’actuel président a largement réduit la capacité des partis de gauche à prétendre sérieusement à l’exercice du pouvoir (en supposant toutefois que ces partis de gauche soient le meilleur vecteur pour l’émergence de cette alternative) ?
1.2 Dans le cas d’une hypothèse peu probable d’une victoire de notre camp à moyen terme (2022 ou après), ça va tanguer sévère (médias, marchés, patronat, police), quelle articulation entre nos principes démocratiques et humanistes et la nécessité de la « guerre contre les blancs » et la violence fomentée par le mur de l’argent (pas seulement sur la scène financière ou bancaire mais aussi judiciaire voire « constitutionnelle ») ? Nos ennemis qui ne manqueront pas d’utiliser des « armes » (au sens large) très puissantes (cf. Amérique latine, Grèce, … : mensonges, violences, guerre des prix alimentaires, etc.). Autrement dit, on ne va pas mettre en place de goulag bien sûr mais quel comité de salut public construire et avec quels outils ?
1.3 Le thème porte à penser l’après et c’est important, crucial même, mais “l’actualité” depuis maintenant 1an étant ce qu’elle est, on a du mal à se sortir de la question préalable : comment renverser la table, le pouvoir en place qui la tient, pour s’y substituer et mener à bien l’alternative..
Militer, convaincre les gens pour gagner l’hégémonie culturelle, politique bien sûr, mais encore une fois vu l’ambiance on se dit que ça ne va peut-être pas suffire … et puis c’est un peu long, même si, l’accélération de l’histoire produit ses miracles.
Quelle moyens avons nous, lesquels sont envisageable, ne le sont pas ?
Exemple par deux grands points, au vu du contexte on se demande si :
Est-ce encore raisonnable de jouer le calendrier électoral ? (Présidentielle notamment principale élection d’importance…)
– Si oui, qu’en dire, que faire ?
La FI ayant donné espoir de pouvoir “gagner l’État” et amorcer le changement avant d’effectuer une sorte de retour en arrière lamentable post 2017)
On semble à nouveau se retrouver sans force politique constitué pour mener cette bataille, peut-on construire quelque chose d’ici 2022 ? (Un mélange de GJ et du mouvement social actuel ? et puisqu’il faut bien une figure/candidat, un Ruffin semblant pour un certain nombre pouvoir incarner la jonction, mais lui semble s’affairer a présent a plutot conquérir la petite bourgeoisie écolo type EELV … Ou alors Boulo ?)
– Dans le cas contraire, là encore que faire ?
Une Grève “générale” suffirait elle à faire basculer le pouvoir ?
Valable en partie pour 36 et 68 semble-t-il, mais aujourd’hui ? Face a un pouvoir jusqu’au-boutiste qui a l’air de préférer l’escalade de la répression et avec des années de défaites précédentes.
Comment y résister, et sortir vainqueur alors ?
Les forces n’étant pas inépuisables ne faudrait-il pas inévitablement frapper vite et fort ? Très, fort.
1.4 Dans votre nouveau livre “Vivre Sans ?” vous remettez au goût du jour l’idée de grand soir.
Pourtant dans un précédent livre “Capitalisme Désir et Servitude, Marx et Spinoza” vous disiez p. 198 :
“Aussi «le libre épanouissement de chacun, condition du libre épanouissement de tous» est-il une affaire moins simple que ne le suggèrent Marx et Engels dans le Manifeste, et le meilleur moyen de sauver l’idée d’émancipation est sans doute de rompre avec l’idée du grand soir de l’émancipation, irruption soudaine et miraculeuse d’un ordre de rapports humains et sociaux tout autres.”
Est-ce une évolution de votre part ou bien trouvez-vous compatible ce que vous dites actuellement avec ce que vous disiez jadis ?
Mon objectif n’est pas de vous mettre face à vos contradictions par vous embêter mais bien de comprendre votre cheminement intellectuel et ce qui motive ses éventuelles évolutions.
Bloc 2
2.1 Constitution d’une masse critique organisée. Le système actuel, compte tenu de sa puissance extrême, ne peut laisser sa place que face à une remise en cause massive des populations. Or les mouvements revendicatifs sont très hétérogènes, volontairement indépendants, et probablement peu efficients sur la durée. N’est-il pas nécessaire de canaliser cette énergie d’une manière ou d’une autre ? Et si oui comment ?
2.2 Comme vous le suggérez en fin de votre livre, ou le développez plus dans des interventions comme celles chez “Hors Série”, si on devait résumer la ligne à tenir, ce serait donc : “la force doit venir de la rue, et quand bien même un gouvernement progressif de gauche devait parvenir au pouvoir, il faudra qu’on y adosse une farouche menace populaire pour qu’il sache qu’il n’a pas d’autre issue que de tenir tête au capital”, et comme vous le notez avec un certain “vertige”, se pose la question de la violence. En deux mots : “aux armes”, symboliquement – ou pas. Même si j’en partage l’analyse, ne pensez-vous pas que c’est précisément la raison qui explique le succès d’une pensée du “vivre hors”, de la “sécession” , plus que du “grand soir” que vous lui opposez (ou du moins dont vous appelez à ce qu’elle se complète) ? J’entends par là le fait que la “prise d’armes”, la question de la violence – la révolution en un mot – engage, et engage fortement sur le plan judiciaire. Ne pourrait ce pas être là ce qui en dissuade, et en contraste donne du crédit à l’espoir d’une sécession “sans risque” (entre guillemets car on sait ce qu’il advient des ZAD au niveau de la répression, mais au moins ce risque est reporté à plus tard, moins immédiat) ? Finalement là encore la question n’est-elle pas comment vaincre la peur polico-judiciaire ?
On pourrait arguer que quand le peuple est dos au mur il n’a plus peur (“ils nous ont tout volé même la peur” lisait-on au Chili), mais n’est-ce pas attendre trop tard ? Si une révolution tarde à venir, ne risque-t-elle pas d’être d’autant plus propice à être rattrapée par toutes les éventualités, en particulier les moins progressistes ?
14. Vous avez déclaré que vous étiez un penseur et pas un homme d’action, de mémoire, peut-être après le relatif échec de “Nuit Debout”. N’est-ce pas l’action qui manque aujourd’hui, et pas la pensée ni le diagnostic ? Qu’est-ce qui vous empêche d’être un homme d’action ? Ce qui vous en empêche serait-il aussi ce qui en empêche tous les autres ? Et dans ce cas, ne faut-il pas tenter de le dépasser ?
Bloc 3
3.1 Poser le problème et partager l’analyse. Les masses susceptibles de se mobiliser pour cette alternative (type gilets jaunes, infiltrés et autres corporations) ne devraient-elles pas se doter au préalable d’une compréhension objective de base des mécanismes actuels à l’œuvre dans la société de manière à inscrire leurs revendications dans un ensemble théorique qui les renforce ? Si oui, comment organiser à grande échelle ce partage d’analyse ?
3.2 Au vu de la faillite des partis et syndicats de gauche, quelle solution voit-il pour faire émerger des cadres politique du peuple ?
Bloc 4
4.1 Supposons que le peuple se soulève et balaye les institutions actuelles en profondeur. Le nouvel état qui surgira après une inévitable période de transition aura tout de même besoin d’une police. D’une police probablement très différente de celle d’aujourd’hui, mais d’une police quand même. Comment la former sinon en réutilisant les policiers actuels ? Dans le cas contraire, que faire de ces policiers aux compétences souvent limitées à leur mission ? Par ailleurs, le chemin que prennent les choses est celui d’un affrontement, avec la police (actuelle) placée en gardien en dernier ressort des institutions du capital. Si l’on place la police hors du peuple, ne prend-on pas le risque d’un affrontement encore plus brutal ? Ne vaudrait-il pas mieux l’affaiblir de l’intérieur dès aujourd’hui en l’affectant positivement (toute entière ou au moins des parties) et en répétant que leur camp est celui du peuple ? La sédition de la police, si elle est encore possible, n’est-elle pas le moyen le plus sûr et pacifique d’aboutir à la bascule et de garantir la suite ?
4.2 Dans votre dernier livre, vous identifiez ce que vous nommez le bloc “état-police-médias-finance”. Et, plus loin (bas de page 180), à propos des enjeux auxquels aurait à faire face un mouvement de renversement du capital, vous dites : “les urgences simultanées d’un tel gouvernement [de renversement] sont celles d’un double arraisonnement immédiat : de la finance et des médias du capital”. Quid donc de la police identifiée plus haut ? N’aura-t-on pas justement un problème de conflit direct avec la police lors d’un tel mouvement ? Je sais pourtant que, pour vous citer, “vous ne vous racontez pas d’histoires” sur ce sujet-là, et avez très précisément identifié (notamment dans votre discours “la révolution ne sera pas un pique-nique (d’une étroite ligne de crête)”) le besoin de l’organisation voire de “l’armée” (entendue dans un sens potentiellement révolutionnaire) pour opposer une force d’égale intensité à celle qui ne manquerait pas de s’exercer en retour – et à commencer par celle de la “vraie” armée. Pourquoi donc ne pas/plus en faire mention dans ce dernier ouvrage ? Est-ce un simple “oubli”, ou considérez-vous que le problème principal réside désormais bel et bien avant tout dans le couple finance-média, plus que dans le triptyque finance-média-police ?
Bloc 5
5.1 Dans une alternative dans laquelle le salariat et le capitalisme (privé ou étatique) n’existent plus, comment imaginer conduire des projets d’infrastructures majeurs?
Comment attirer et conserver suffisamment de travail humain (des milliers d’ouvriers qualifiés) et d’argent (les milliards pour acheter des matériaux à l’étranger et payer les travailleurs) sans salariat ni endettement ?
5.2 Si l’on envisage les conditions de réalisation d’une alternative à l’ordre néolibéral, il va se poser la question de la logistique, c’est à dire du fonctionnement concret des réseaux technologiques qui font tourner notre société.
En effet, l’ordre du monde tel qu’il est repose sur un capital matériel
massif, formés d’ordinateurs, de réseaux de communication, mais aussi de réseaux électriques, d’alternateurs, de machines-outils, de pièces de rechange en acier spéciaux, d’huile de vidange et de graissage.
Bref, d’une multitude de produits industriels, de haut niveau, ou absolument triviaux.
Dans nombres de cas, les éléments chimiques, raffinés ou bruts, ne sont plus disponibles chez nous, les gisements étant épuisés, ou considérés comme non rentables. Les savoir-faire pour les extraire ou les purifier ont alors disparus, et ne peuvent être réappris rapidement: ils résultent en effet d’apprentissage par essais et erreurs, souvent dangereux et par des savoirs tacites conservés par les corps professionnels les produisant.
Dans un nombre non négligeable de cas, il est difficile de revenir sur un progrès technologiques, car il ne s’agit pas simplement d’un confort aisément substituable.
Songeons par exemple aux appareils d’IRM, dont la technologie repose sur l’utilisation de bobinages supraconducteur, utilisant des cryostats à hélium liquide.
Dans ce cas-là, prenons l’exemple de la production d’hélium. Elle est
extrêmement concentrée: les deux principaux producteurs sont les États-Unis et le Qatar (ce dernier extrait avec 2 usines 25% de la production mondiale de cet élément).
On voit donc le problème qui surgit: comment ne pas être pris dans les grandes stratégies, de l’hégémon mondial Américain ou des wanabee hégémons comme la Chine?
Comment ne pas se perdre dans une stratégie impériale pour sécuriser l’approvisionnement en ces éléments stratégiques?
Comme ne pas être piégé par des corps techniciens, dont les compétences souvent complexes et difficiles à acquérir se retrouvent concentrées dans certains classes sociales, qui ont ainsi un moyen efficace de pression contre des changements radicaux les concernant?
Bloc 6
6.2 En m’appropriant votre grille de lecture spinoziste, ou du moins ce que j’en ai compris, à savoir que la multitude exerce une puissance sur elle-même, qui se cristallise en institutions et est capté et utilisé par la suite par des corps (sociaux ou humains) pour parvenir à leur fins (je résume), j’en suis venu à m’intéresser à la monnaie comme institution, au sens de ce cadre théorique, car c’est l’une des institutions les plus fondamentales des sociétés humaines.
Sur le sujet de l’Euro je ne vois pas un corps social mais bien 19 et je n’arrivais pas à faire rentrer une institution commune à 19 corps sociaux séparés dans le cadre théorique de la potentia multitudinis (si vous avez une explication ne vous gênez pas). Mon intuition était que ce que l’on appelle l’Euro n’existe pas vraiment, qu’il s’agit fondamentalement de 19 monnaies s’échangeant à 1 pour 1 dans un système de coordination avec à sa tête la BCE.
Pour ça il existe plusieurs indices:
– les banques privées ont toujours leurs compte de réserve au sein de leur seule banque centrale nationale.
– la seule chose logé au sein de la BCE sont les comptes TARGET2 des BCN.
– Les bons du trésor de chaque pays, acheté au travers du programme OMT, sont acheté et détenu par chaque BCN.
Toutes ces petites choses (et quelques autres) semble pointer le fait que les BCN ont gardé tous leur pouvoirs de création monétaire et confirme mon intuition.
Ma question pour vous est, si l’on admet que l’Euro n’est qu’un système de coordination technocratique, est-ce que la mesure prioritaire d’un gouvernement de la vrai gauche, en prévision du point L à venir, ne serait pas de prendre le contrôle plein et entier de la banque de France (et d’avoir quelques personnes capable de le faire techniquement)? Et surtout, la sortie de l’Euro ne serait peut-être, dans ce cas-là, plus une absolue nécessité ?
« Emmanuel Macron, vous avez le devoir de sauver Alstom ! » : l’appel de 32 polytechniciens pour l’industrie française
Alors que General Electric a annoncé la suppression d’un millier d’emplois chez Alstom, 32 polytechniciens demandent au gouvernement d’intervenir…
Récapitulons. En septembre 2015 General Electric (GE) prenait le contrôle de la division énergie d’Alstom, à l’issue d’un incroyable thriller politico-industriel dans lequel l’actuel président de la République M. Emmanuel Macron, alors ministre de l’Economie, joua un rôle de premier plan.
Alors qu’en mai 2015, GE s’était engagé à créer 1000 emplois en France d’ici la fin de 2018, il annonçait en octobre 2017 la suppression de 350 emplois dans les turbines hydroélectriques de Grenoble, puis en juin 2018 qu’il ne tiendrait pas ces engagements de création d’emplois. 48 heures à peine après les élections européennes de 2019, GE annonçait la suppression de plus d’un millier d’emplois à Belfort. Le 28 mai les syndicats dénonçaient une “bombe sociale” lors d’une réunion avec Hugh Bailey, nommé Directeur Général de GE France le 22 avril et précédemment conseiller pour les affaires industrielles d’Emmanuel Macron quand il était ministre de l’Économie.
Après plusieurs mois de manifestations et de blocages du site de Belfort, une majorité des salariés votèrent pourtant le 21 octobre en faveur du plan social élaboré par la GE en étroite concertation avec le gouvernement. Selon Philippe Petitcolin, du syndicat CFE-CGC[1], le nombre d’emplois supprimés fut négocié directement par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire et le PDG américain de GE.
Faudrait-il dès lors considérer, comme certains s’empressent de le conclure, que cet accord apporta un épilogue satisfaisant à ce qui n’aurait finalement été qu’une histoire douloureuse mais inévitable ?
L’Affaire ALSTOM serait-elle close ?
Nous, 32 ingénieurs anciens élèves de l’Ecole Polytechnique, à qui la République française fit l’honneur d’offrir une formation scientifique et technique de bon niveau afin que nous la mettions au service de la Nation, de son industrie et de l’État, ne le pensons absolument pas.
Tout d’abord, l’accord signé le 21 octobre ne garantit aucunement la pérennité de l’activité Turbines. Elle se décline en effet en turbines à combustion (gaz, fuel, biométhane), turbines à vapeur et turbines hydrauliques. C’est une activité stratégique pour la France, tant dans la perspective de la transition énergétique à venir, que pour la maîtrise de la propulsion de ses sous-marins nucléaires ou la maintenance des 58 centrales nucléaires. Il serait irresponsable et suicidaire de la découper en rondelles et de délocaliser les turbines à gaz en Hongrie, comme la direction de GE l’a décidé en mai dernier[2]. « On ne doit pas descendre les effectifs en dessous de 1 400 salariés dans l’activité turbine à gaz », prévenait Francis Fontana, syndicaliste à SUD. Or la direction de GE ne s’engage dans l’accord qu’à maintenir pendant 12 mois cette activité à Belfort, jusqu’à l’affectation du personnel sur de nouvelles productions, et pour ensuite persister à la délocaliser en Hongrie ! La CGT, non signataire de l’accord, considéra fort logiquement ce point comme un casus belli, anticipant qu’un départ de la fabrication des turbines serait synonyme de mort programmée pour Belfort [3]. Rien n’est donc réglé.
Nous estimons qu’il faut absolument revenir sur l’origine des fautes stratégiques qui ont conduit à brader à nos concurrents américains l’un de nos principaux fleurons industriels
De façon plus générale, nous estimons qu’il faut absolument revenir sur l’origine des fautes stratégiques qui ont conduit à brader à nos concurrents américains l’un de nos principaux fleurons industriels. Alstom était en effet très loin d’être un « canard boiteux » : il détenait la bagatelle de 20% du parc mondial des turbines à vapeur, 30% du parc nucléaire mondial, et était numéro un mondial pour les centrales hydrauliques et charbon[4]! Or les mêmes causes produiront à l’avenir les mêmes effets, si aucune correction structurelle n’est apportée.
La faute la plus évidente et la plus lourde tient à la propension des actionnaires français à privilégier la finance à l’industrie, et les profits financiers à court terme aux stratégies industrielles.
Une première conséquence en fut le démantèlement des conglomérats industriels, dans une logique de rentabilité financière accrue et de lisibilité au profit des marchés financiers. Ceci a durablement affaibli notre tissu industriel, les « Pure Players » issus de ces découpes ainsi que l’écosystème de leurs sous-traitants étant plus exposés aux cycles conjoncturels et aux prises de contrôle, là où les conglomérats pouvaient les en protéger par leur taille et en « lissant » les bas et les hauts de cycles.
Jusqu’en 1998 les activités Energie et Ferroviaire d’Alstom faisaient en effet partie du plus puissant conglomérat industriel français, la CGE, alias Alcatel-Alsthom. La CGE était un leader mondial dans les Télécoms, les câbles, l’ingénierie électrique, l’énergie, le ferroviaire, le nucléaire, les chantiers navals. Son PDG Serge Tchuruk décida de démanteler le groupe, de recentrer Alcatel sur les télécoms, et de vendre en bourse la majorité du capital d’Alstom en ponctionnant au passage un dividende exceptionnel de 5 milliards d’euros. Financièrement exsangue, Alstom était en faillite en 2003. L’État sauva alors Alstom en entrant à son capital, puis revendit dès 2006 sa participation au groupe Bouygues, laissant Alstom isolé et fragilisé face à concurrence de GE et Siemens.
Une autre illustration de la logique fondamentalement financière à l’œuvre dans l’affaire Alstom est le dividende monumental versé à Bouygues (de 1,6 à 2,5 milliards d’euros selon les estimations) … à l’évidence le principal objectif économique visé par son démantèlement !
Macron alla jusqu’à défendre GE durant l’enquête de la direction de la concurrence de la Commission européenne
Une autre faute majeure tient à l’abandon par la France de la défense de ses industries stratégiques. Rappelons que le coup fatal pour Alstom vint des USA. Le 14 avril 2013, Frédéric Pierucci, directeur de la division chaudières, fut arrêté à New-York. Dans son livre, Le Piège américain, il explique que la vente d’Alstom à GE fut le résultat d’une action coordonnée du DoJ (Ministère américain de la Justice) et de GE. Arguant de ses droits extravagants d’extraterritorialité, le DoJ menaça Alstom d’une amende monumentale et son PDG Patrick Kron de prison. En échange d’une amende réduite et de l’oubli des poursuites judiciaires pour ses cadres dirigeants, Alstom devait céder sa branche Energie / Turbines à GE. Patrick Kron, directement menacé à titre personnel, se rallia à l’offre de GE…
Le ministre de l’Industrie Arnaud Montebourg s’opposa à la manœuvre. Le 5 mai, il rejeta l’offre de reprise de la branche Energie d’Alstom par GE et lui proposa un accord croisé avec ses activités Ferroviaire. Le 15 mai, il fit publier le Décret relatif aux investissements étrangers soumis à autorisation préalable. Le 28 mai, GE s’engageait à créer les fameux 1 000 emplois en France, et le 19 juin, présentait une offre améliorée dans laquelle l’Etat français disposait d’un droit de veto dans la coentreprise Energie. Mais le 26 août Emmanuel Macron succédait à Arnaud Montebourg, et les avancées obtenues furent oubliées. Macron alla jusqu’à défendre GE durant l’enquête de la direction de la concurrence de la Commission européenne, et GE put acquérir le pôle Energie d’Alstom avec les mains entièrement libres.
Le recul industriel de la France
Ceci nous rappelle que les Etats-Unis d’Amérique sont certes un allié historique mais aussi un Etat souverain qui défend ses propres intérêts, n’hésitant pas à mettre sa puissance financière et militaire au service direct de ses grandes entreprises. Force est de constater que ce n’est plus le cas de la France aujourd’hui.
Gagnés à l’idéologie néo-libérale donnant la priorité au libre-échange et à la « concurrence libre et non faussée », littéralement colonisés par les représentants des grandes banques et des marchés financiers, l’État et notamment Bercy ont encouragé ces tendances, allant jusqu’à supprimer le Ministère de l’Industrie.
Du recul industriel de la France résulte un déficit commercial structurel qui ne se dément plus depuis 15 ans. Plutôt que s’y attaquer, les gouvernements successifs ont préféré « adapter » l’économie et la société en organisant, de concert avec les dirigeants des grandes entreprises, une régression sociale permanente, à coups répétés de réforme du code du travail, des régimes de retraite, de la sécurité sociale ou du système de santé.
Il est plus que temps de tirer la sonnette d’alarme, d’arrêter de se satisfaire de discours aussi doucereux que mensongers, et d’exiger des actions déterminées.
Les manquements répétés de GE à ses engagements, le besoin qu’a la nation française des compétences et des ressources industrielles d’Alstom/GE, exigent que cette activité stratégique soit placée au moins temporairement sous le contrôle national, par la dénonciation du contrat, la réquisition ou la nationalisation. L’État sut le faire en 2003, et nul ne soupçonna alors Nicolas Sarkozy d’être un adepte du communisme de guerre… Son successeur Emmanuel Macron, par ailleurs directement et personnellement impliqué dans ce désastre, a aujourd’hui le devoir de protéger les salariés et l’indépendance stratégique nationale.
L’Affaire Alstom n’est pas close. Assez de discours, des actes
Le cas ALSTOM / GE est exemplaire à plus d’un titre. Sauver cette activité et ses milliers d’emplois industriels est stratégiquement nécessaire et politiquement possible. C’est économiquement sensé, vu les besoins mondiaux en matière de transition énergétique, et financièrement très largement à la portée de l’Etat français. C’est aussi mettre un coup d’arrêt à la dynamique effrayante de liquidation de l’industrie française à laquelle nous assistons depuis quelques années, et démontrer qu’une politique industrielle digne de ce nom est encore possible dans notre pays.
M. Macron, vous êtes aujourd’hui au pied du mur. L’Affaire Alstom n’est pas close. Assez de discours, des actes.
Article initialement publié dans Marianne, signé par 32 polytechniciens de toutes promotions.
Vidéo de notre première conférence avec François Ruffin et Frédéric Hourdin
Retour sur la première Assemblée Générale
Le 19 septembre dernier, nous avons tenu notre première assemblée générale qui a réuni 57 participant-e-s.
Elle s’est déroulée dans un climat cordial et constructif. Les statuts ont été votés à l’unanimité, et le bureau élu pour une période de trois mois. Le PV est disponible sur x-alternative.org.
Nous voudrions remercier toutes celles et ceux qui ont pris le temps de venir et ont ainsi contribué au succès de cette première rencontre.
Pour poursuivre cette AG, nous souhaiterions évoquer un certain nombre de sujets.
1. Le manifeste (appel)
Nous comptons publier un appel cette semaine. Les amendements proposés en AG ont déjà été examinés et nous attendons les ultimes propositions avant mardi soir 20h. Le texte consolidé sera soumis au vote avant publication.
2. Conférences
Nous avons tenu à apporter certaines réponses aux questions posées en AG, dont quelques-unes sont mentionnées dans le PV :
- Quel est l’objectif de ces conférences ?
Il s’agit de garantir une activité minimale pour le groupe. C’est par ailleurs l’occasion de faire venir des intellectuel-le-s ou militant-e-s dans le cadre de l’AX, ce qui est assez rare. C’est également l’occasion de nous réunir.
- Quid de la parité parmi les intervenant-e-s ?
Nous avons rapidement adressé cette critique plus que légitime. Ainsi on été contacté :
– Martine Orange à propos de ses travaux sur l’économie et l’industrie à médiapart (réponse favorable)
– Lola Guillot (membre du groupe) à propos de ses travaux académiques sur le sécurité sociale alimentaire (réponse favorable).
Nous nous efforcerons désormais à l’avenir de respecter une stricte parité parmi les intervenant-e-s.
- Comment intervenir auprès des élèves?
Nous sommes d’ores et déjà en train d’organiser une première conférence à l’école portant sur la (dés)industrialisation.
Enfin, en sus des conférences où seront invités des « têtes d’affiches », nous souhaitons proposer des conférences faisant appel à des intervenant-e-s moins connu-e-s, mais portant sur des sujets qui mériteraient de trouver un plus grand écho et que nous tâcherons ainsi de rendre davantage visible.
3. Rencontres informelles
Conformément à notre volonté de rassembler les camarades ne se reconnaissant pas dans la pensée dominante, nous souhaiterions proposer des réunions mensuelles d’échanges et de rencontres autour d’un verre, qui pourraient de surcroît faire plus tard l’objet de rencontres entre groupes de travail.
Sous-réserve d’un nombre suffisant d’inscrit-e-s, nous prévoyons une première rencontre le 14 octobre à 19h à l’opium du peuple, 10 rue Montgolfier, 75003 Paris. Inscriptions sur notre site ou via facebook.
4. Groupes de travail
C’est le sujet qui a suscité le plus d’interrogations lors de l’assemblée générale. Pour cette raison, ils feront l’objet d’une communication ultérieure.
5. Appel à initiatives
Sans doutes notre focalisation sur le déroulé technique de cet AG, garant de notre acception par l’AX, nous a amené à sous-estimer quelque peu la diversité des profils et des motivations des participant-e-s à notre AG, notamment chez les plus jeunes d’entre nous.
Aussi, nous voudrions pallier à cet écart de jeunesse en appelant toutes celles et ceux qui le souhaitent à proposer des initiatives en prenant contact avec nous.
Première Assemblée générale
Chèr(e) camarade,
Nous nous sommes retrouvés quelques-uns à l’automne dernier à nous dire qu’il était inconcevable que les idées du CNR (« les jours heureux ») soient à ce point, sans véritable débat, balayées par les tenants de la doxa ultra-libérale. Le mouvement dit des « Gilets Jaunes » nous a également interpelé, entre autres par son aspect révélateur du fossé entre les « élites » et le peuple.
Nous pensons nécessaire que se crée un espace de débat, d’échange, de construction de propositions, pour contribuer à offrir à notre peuple et notre pays une alternative au face à face mortifère entre le mépris du peuple et le mépris de l’autre, entre la négation du soi et l’exaltation de l’ego.
Nous pensons que les X, par leur formation scientifique de haut niveau, ont un regard particulier à porter et à apporter sur de nombreux domaines.
De là est né l’idée de ce groupe, que nous avons simplement voire évidemment dénommé X-Alternative.
Nos histoires sont diverses, nos engagements sociétaux aussi, mais nous pensons que la diversité est justement source de richesse.
Nous organisons la première assemblée générale du groupe le 19 septembre de 18h à 20h à l’ancienne École dans la salle du conseil de l’AX , au 5 rue Descartes, Paris 5ème.
Pourquoi ne nous rejoindrais tu pas ? Nous sommes déjà une centaine, mais nous pouvons être beaucoup plus..
Si tel est le cas, si la démarche t’intéresse, nous te remercions de confirmer ta présence le plus rapidement possible (pour des raisons logistiques) , et/ou de nous envoyer tes idées par mail via ce formulaire ou en t’inscrivant à l’évènement sur le site de l’AX.
Nous t’invitons à consulter les statuts constitutifs du groupe, tels qu’ils se présentent à ce jour.
Lors de cette assemblée, nous examinerons les propositions émanant des membres (qui doivent être envoyés avant le 1er septembre 2019) et statuerons sur la première année d’activité de notre groupe. Nous t’invitons donc à proposer dès maintenant les sujets que tu voudrais voir traiter.
Ordre du jour
- Discussion générale
- Validation des statuts
- Élection du bureau provisoire
- Proposition de fixer la cotisation à 0 pour la première année
- Thème principal de la première année et choix de la première conférence
- Questions diverses
Activités à ce jour du groupe et premières propositions soumises à la discussion générale :
Notre proposition est que la première conférence pourrait avoir lieu en octobre (date à fixer), avec Frédéric Lordon (voir présentation détaillée plus bas).
Nous avons également imaginé une première liste d’intervenants à solliciter :
- André Orléan
- Antoine Peillon (accepté)
- François Ruffin (accepté)
- Emmanuel Todd
- Jeremy Corbyn
- Philippe Herzog
- Jean-Louis Beffa
- Marie-Françoise Bechtel
- Anicet Le Pors
- Martine Orange
- Paolo Savona
- ……….. (à compléter !!!)
Pour information, nous avons sollicité l’AX pour obtenir l’agrément de celle-ci, ce qui nous permettra de bénéficier des moyens logistiques de l’AX ; le nouveau conseil de l’AX devrait prendre sa décision au premier semestre 2020
Pour le bureau provisoire,
Jean Charles Hourcade (75), avec la complicité de Régis (06), Nilo (15) et Fabrice (77)
Présentation de Frédéric Lordon :
Frédéric Lordon est diplômé des ponts, d’un MBA à HEC et d’une thèse en économie à l’EHESS. Il fait partie des « économistes atterrés » avec André Orléan (71) ou Henri Sterdyniak (70). Il est également directeur de recherche au CNRS en philosophie. Spécialiste et grand relecteur de Spinoza, ses travaux portent sur la nature des corps politiques et des forces qui les meuvent et les maintiennent dans leur forme (ou les dissolvent)
Tu trouveras ci-dessous une sélection (arbitraire !) de textes et interventions de Frédéric Lordon pour préparer l’échange :
https://blog.mondediplo.net/apres-l-europe-sociale-l-europe-democratique-ou-l