Le contenu de cet article n'engage que son auteur : Régis Portalez

La bourse, la mort, ou la vie

Cela va faire un an qu’on vit suspendus aux annonces d’Emmanuel Macron, toutes plus absurdes les unes que les autres. On attend, on espère, on déchante, on voit les morts s’empiler et les covid long s’accumuler pendant que là-haut on se félicite et on fait des calculs politiques.

Darmanin rassure Sarkozy, Poirson trahit, Philippe revient pendant que Blanquer est en dessous de tout. On regarde ce spectacle misérable d’un entre-soi minable à longueur de jours. La relocalisation ? que dalle. Les hôpitaux ? On ferme des lits. Les premiers de corvée ? Ils auront droit à la réforme de l’assurance chômage. Le spectacle ? On demande aux intermittents d’avoir assuré une année normale. Et ça se congratule, et les médias analysent, et les riches se font des bouffes, et puis voilà que par-dessus le marché, Le Maire nous assure que ce sont qui dénoncent qui devraient aller en prison, pas ceux qui bouffent.

Comment ne pas les haïr ? Même en étant le dernier à en souffrir, on vit l’absurde en flux continu. Pas de promenade en forêt (ou à moins de dix kilomètres). Rester chez soi après 19h (déjà ce n’est plus 18), et tant pis pour aller faire des courses. Est-ce qu’à un moment ces gens se posent la question de la vie des gens, ou est-ce qu’ils sont trop occupés à leurs dîners ? On ne saura pas. Pendant ce temps, ça licencie plein pot, le capitalisme se restructure en délocalisant, les aides pleuvent sans condition et en fausse monnaie, on ouvre des numéros verts, on vire en visio, on envoie des flics à tout bout de champ, et puis on leur paye le train. Ils sont tellement mauvais, tellement menteurs, tellement grotesques qu’on ne sait même plus où est le réel et où est la fiction.

Il y a de quoi vouloir en finir, n’est-ce pas ? Là-haut, dans des palais dorés et dégénérés, ça vole la vie des gens, leur revenu, leur avenir, et ça s’en moque. La bourse ? Ça fait 30 ans qu’ils la siphonnent pour remplir celle de Bernard Arnault. La mort ? Ils en sont à s’en servir comme d’un moyen électoral. Et vous verrez que bientôt, en guise de programme, ils diront qu’ils n’ont pas fait pire que les autres.

Alors parlons de la vie. Imaginons ce qu’on pourrait faire en les ayant chassés tous.

Le covid serait toujours là, bien sûr, et les difficultés économiques aussi. Mais, ayant fait le serment de ne pas quitter la salle avant d’avoir doté la France d’une constitution, les gilets jaunes ayant pris l’Élysée et l’Assemblée sont continuellement assaillis de demandes populaires qu’ils sont bien obligés de satisfaire. Organisés en convention, ils gèrent le covid et la crise comme des moyens de fédérer ce qui est devenue une révolution. D’un ennemi invisible on fait un ennemi extérieur, à même de souder la Nation.

Les gens se serrent les coudes, et les mesures difficiles n’ont pas vraiment généré de polémique. Les usines de principes actifs ont été nationalisées et les gendarmes du peloton de réquisition y sont allés la fleur au fusil. Les mesures sanitaires, toujours pénibles, sont enfin acceptées parce qu’elles émanent de la démocratie et qu’elles font la part belle aux vivants. Les restrictions de libertés sont abolies, des détenus libérés, les caméras brulées, les péages détruits, les médias saisis.
Partout, la solidarité s’organise. On porte à manger aux nécessiteux, on soutient les combattants, les soignants, les routiers, les paysans.

Universités, écoles, lycées, tournent en effectif réduits et en rotation. Les enseignants enseignent, comme ils peuvent, pendant que les élèves apprennent, comme ils peuvent. Les restaurants sont partiellement ouverts mais les contrôles sont sévères. Les hôpitaux sont à nouveaux remplis des anciens infirmiers démissionnaires et on en forme encore des milliers, qui en attendant servent de petite main. Les revenus sont garantis, les licenciements interdits, les industries stratégiques sont réquisitionnées. Tout le monde a un toit, un repas, de la terre, un travail.

Adieu l’UE, a dit la convention le premier jour. Et l’UE a râlé, mais que vouliez-vous qu’elle fasse ? Partout, on organise des élections, on remplace les maires, on chasse les conseillers régionaux, les intercommunalités, on installe des conseils populaires. Les importations deviennent difficiles ? Qu’à cela ne tienne, tout ce que le pays compte d’ouvriers, d’ingénieurs et de bonnes volontés se met à produire le nécessaire. On bricole pour tout de suite pendant qu’on planifie le long terme.

Bien sûr, c’est dur. Bien sûr, il faut gérer la question de l’armée, de la police, de la dette publique, des pressions internationales, mais ça, ça sera demain. Le covid est encore là, la souffrance économique aussi, mais déjà Macron et son monde sont loin. On mange, on travaille, on chante, on boit, on aime, on vit.

Enfin !